Amédée 1er est roi du joli Pays de l’Harmonie !
C’est un roi juste et bon !
Si, ça existe !!!
Il est marié à la belle Adélaïde.
Entre toutes les qualités qu’elle possède, elle est mélomane et musicienne.
Elle joue du violon et, à la cour du Roi Amédée, tous les troubadours sont les bienvenus ! Il ne se passe pas une soirée sans qu’une veillée musicale anime le grand salon ! On y raconte, chante et joue l’histoire universelle de l’humanité.
Evidemment, la pratique d’un instrument de musique demande du travail. Et comme il se doit, la reine Adélaïde consacre plusieurs heures par jour à son instrument.
Un jour, alors qu’elle répète des gammes inlassablement, elle tombe par terre, inanimée. De chaque aile du château, on se précipite pour coucher la reine dans son lit, et faire prévenir le roi retenu par quelque affaire à l’autre bout du royaume.
Les médecins défilent au chevet de la malade, aucun ne parvient à identifier son mal. De semaine en semaine elle s’affaiblit et, un jour, elle ferme ses beaux yeux pour toujours.
Amédée est inconsolable, il s’enferme en ses appartements. Portes et fenêtres fermées, volets clos, rideaux tirés. Quand il ressort, plusieurs semaines après, il a bien changé !
Il est devenu dur et austère.
La première décision qu’il prend :
Interdire son château à tous les ménestrels, troubadours et autres musiciens.
Puis, le lendemain, il décrète que, désormais, au royaume de l’harmonie, la musique sous toutes ses formes sera interdite.
Les archers du roi parcourent donc le pays et dans chaque maison, chaque chaumière, font main basse sur tout ce qui ressemble, de près ou de loin à un instrument de musique. Fifres, tambours, violes, luths et violons sont entassés sur les places des villages et on y met le feu.
A partir de ce jour, tous les habitants de ce pays cessent de chanter.
OOO
Tous ? Non !
Dans une grande forêt, au centre du pays, une clairière, dans cette clairière, une petite maison.
Deux pièces dont l’une est éclairée par deux fenêtres.
Lorsqu’on entre dans cette pièce, la première chose que l’on voit, c’est un établi, des morceaux de bois épars, des outils. Puis, si on lève les yeux, suspensus aux murs blancs, on découvre des instruments : Violes, luths, violons achevés attendent qu’un musicien vienne les acheter.
Les caisses en bois fauve vernies avec art, reflètent doucement la lumière du jour.
C’est la maison de Pietro, luthier de son état.
Pietro est bien étonné !
Habituellement, il a beaucoup de travail. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un troubadour vienne lui apporter son instrument à réparer ou lui en acheter un nouveau.
Et depuis quelques semaines, plus personne ne vient lui rendre visite. Même pas pour lui acheter des cordes neuves.
Qu’à cela ne tienne ! Il va en profiter pour réaliser le chef d’œuvre qu’il a en tête depuis si longtemps ! Un violon si parfait que son chant sera semblable à celui des anges.
Il se met au travail, traçant patiemment ses épures, choisissant les essences avec soin.
Aucune précaution n’est assez grande pour assembler chaque pièce aux autres. Au moment de choisir les cordes, il cherche parmi les centaines que comptent ses tiroirs, celles qui seront adaptées. Le sol, puis le ré, le la. Pour la plus aiguë, la Chanterelle, le mi, il choisit une corde si fine qu’on croirait qu’elle va se rompre une fois tendue sur l’instrument.
Son ouvrage terminé, il accorde le violon et en pince les cordes.
Puis, saisissant un archet, il le fait chanter.
Et on croirait entendre le chant des anges sous la futaie.
C’est ce chant qui émerveille Catarina. Elle vient d’entrer dans la forêt. On voit à ses vêtements que son chemin a été long, qu’elle est une voyageuse.
La musique la guide vers la clairière et elle entre dans la maison de Pietro.
Dès qu’il cesse de jouer elle le supplie de lui vendre son violon.
D’abord, il refuse, il n’est pas à vendre. Elle lui demande alors la permission de l’essayer. Quand Catarina à son tour fait vibrer l’instrument, de splendide, son chant devient magique.
Sous le charme, Pietro accepte se dit que c’est pour elle qu’il l’a fabriqué. Alors, il donne son instrument à la jeune femme sans rien lui demander en retour.
La ménestrelle remercie et reprend sa route.
Resté seul, Pietro décide de refaire un autre violon, aussi beau et aussi parfait. Il se met au travail, et plusieurs semaines après, il fait à nouveau chanter des cordes sous son archet.
Il n’est pas satisfait, l’instrument est bon, mais loin d’avoir la perfection du précédent.
Le roi est parti à la chasse et, dans la forêt, il reçoit cette musique comme un coup d’épée dans le cœur. Furieux, il fait irruption dans la maison de Pietro, saisit le violon et le brise en trois morceaux. Pietro est arrêté, enfermé dans les geôles du château et sa maison est brûlée.
OOO
Quelques temps plus tard, c’est le jour de Noël.
Un bien triste Noël !
Dans les rues de la petite capitale du pays d’Harmonie, tout n’est que silence. C’est à peine si les passants osent se saluer. Point de chants, point de musique, point de troubadours dans les rues pour fêter Noël. Il a neigé et tout n’est que silence.
Puis, tout soudain, une musique divine s’élève, d’abord très faible, le son parfait vole par les venelles de la cité, de plus en plus présent. Chacun est émerveillé et, quand Catarina arrive sur la place, une foule est là qui se met à chanter pour l’accueillir.
Une fenêtre du château s’ouvre à la volée !
Amédée veut savoir qui a osé braver son interdiction.
Le roi lève le bras pour condamner l’insolente,
la foule s’est tue, seul le violon chante encore.
Ce chant monte vers le roi et vient l’atteindre là, en plein cœur.
Mais au lieu d’une souffrance, c’est une grande douceur qui le touche.
C’est la voix d’Adélaïde qui murmure rien que pour lui !
Elle a donné son âme à cet instrument pour que son chant vienne lui dire son amour.
Alors le roi baisse le bras et, d’abord doucement,
puis avec de plus en plus de force, il se met à chanter avec l’âme de son épouse.
Le luthier est libéré.
L’histoire ne dit pas si Catarina, la belle ménestrelle épouse le roi ou bien le luthier,
Ce serait une autre histoire....
Mais ce qu’elle affirme, c’est qu’à partir de ce jour là, les habitants du pays que l’on nomme Harmonie, ont à nouveau laissé chanter librement la musique de leur cœur.
C'est tout ce que je veux te souhaiter, ami lecteur !
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Voilà pour vous, ce cadeau que j'avais envie de partager.
Passez une bonne journée !